Perdre le Temps…

C’est un phénomène bien connu, souvent raconté. Le temps de la marche élargit, malmène, distorsionne tous les chronomètres que la vie civilisée nous a peu à peu imposés. C’est l’expérience physique d’une sorte de nouvelle théorie de la relativité appliquée au temps. Une dilatation fantaisiste qui s’amuse de nos repères et malmène nos chronogérances usuelles. Lorsque nous marchons, nous avançons dans le temps, à travers lui – et non plus avec ou contre – selon la régulation de notre cadence. Et comme par une mystérieuse correspondance mathématique, l’attente (d’un train, d’un bus, d’une personne, de la fin d’un orage…), cette “perte de temps“ honnie et bannie par notre humanité active, se vit comme une réjouissance… Toujours un peu courte (quand elle se termine), enfouie sous nos pieds réduits à l’immobilité, l’attente du marcheur est régénératrice, spectacle d’une somme d’efforts récompensés. Elle ne se vit pas contre le temps mais pour lui, à l’image d’une offrande. Elle devient en quelque sorte le temps du temps et désirée tel le moment de l’abandon. Ainsi, quand nous marchons, le plaisir de l’attente – qui va venir – constitue-t-elle une des énergies de la marche.


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