C’était un midi. Ou un peu avant…
Ma cadence isolée s’étouffait dans les sables saumâtres, enfants chéris des salicornes de la sansouire camarguaise, traversés d’un Mistral épuisé. Dans un ciel de gris aphone, le silence retrouvait peu à peu sa solitude amoureuse pendant que ma béatitude primitive déclinait aux derniers embruns marins saisis de torpeur.
Il faisait vide dans cette immensité décoiffée.
Une ode à l’absence.
Il ne me restait qu’à marcher … ou à m’affaler pour un temps.
Ou celui d’après.
La mélancolie est un rituel, pensai-je…
Quand soudain le cri… Et puis encore un autre… et encore.
Sorti de la grande forêt des nuages, le grand signal… Et cette inévitable bouffée préhistorique qui m’irrigue, jubilatoire, extatique, hypnotique… De sourires et de larmes inversées. Et vice et versa.
Après un hiver de brigands, c’est le grand retour des oies… Que je mets à chercher comme le fait un petit enfant de ses premières étoiles…Quand il apprend sa première nuit.
Et puis, elles sont là, cafouilleuses de lumières, à l’avant-scène du monde, rigoureusement ivres dans leur formation militaire, usant de leurs ailes pour me dessiner ce V triomphant.
Oui, l’horloge du Chaos n’a pas perdu son temps.
Elles sont à l’heure.
Elles sont l’heure. Du temps et de l’ailleurs.
Mères courage, elles charrient l’envie depuis les lois de l’Avant. Forces génératrices et matricielles, elles sont déjà passées. Et moi l’affamé, je transpire maintenant.
C’était un midi.
Ou la nuit des temps…
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quand l’écriture restitue les sensations visuelles et olfactives de l’univers camarguais… on s’y croirait….
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