Un menhir numérique

Vous est-il déjà arrivé de voyager dans le temps ? La question sonne un peu comme une tarte à la crème, certes…Répondre oui transporte dans un ailleurs prisé de l’école fantastique, comme la caresse ultime; répondre non, rassure les cerveaux bien pensants/pensés. Et s’il existait des interstices sous l’étau de cette catégorique dialectique ? Un espace dans le temps qui amène une alternative au oui et au non… C’est l’expérience troublante que j’ai pu parcourir un plein midi au sommet d’une colline oubliée dont un incendie a révélé récemment un alignement de menhirs vieux de 6500 ans (au doigt mouillé…) Dans la grande solitude silencieuse du soleil, seulement métronomisé d’un coucou isolé dans la vallée adjacente, j’ai dû m’asseoir sur un vieux tronc pour consulter… mon ordinateur, morne routine d’une conscience professionnelle. …Mais au moment d’ouvrir l’écran, un frisson. Et je me surpris à contempler le curseur clignoter dans le vide, comme un battement de cil… puis à peine perceptible, une altération dans la lumière : le vert plus dense, une vibration dans l’air devenu plus épais, comme si le temps s’était ralenti ou replié sur lui-même, en mode veille. Le menhir le plus proche semblait respirer. Littéralement. Une pulsation sourde en émanait, accordée étrangement à celle de mon cœur. Et moi, sur mon tronc, entre deux mondes, les mains figées au-dessus du clavier, je me suis demandé : où commence le rêve, où finit la mémoire ? Et si le voyage était au milieu ?


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