Dieu parle-t-il ?

Souvent, quand je me pose doucement sur les chemins, qu’ils sont bien calmes et gentiment arrosés de quelques nuages, je ne peux m’empêcher de penser à Knulp (*) en marche vers son dialogue final (et peut-être inaugural ?) avec Dieu. Une conversation d’une si tendre cruauté, enfouie dans la neige qui se fait peu à peu linceul.
Et c’est toujours à ce moment-là que revient en moi cette question (un peu obsessionnelle, je l’avoue) : Dieu parle-t-il vraiment ? Je doute (ou trébuche…). La Parole de Dieu ne s’exprime-t-elle pas d’abord dans les lois de la Nature, qu’elles soient physiques, chimiques, biologiques ou encore cosmogoniques ? Cette Parole n’est-elle pas le grand Ordre de la Nature, un langage immanent et immuable ? Un grand vacarme, aussi; parfois difficile à entendre et ordonner…
Que l’humanité ait voulu donner à Dieu créateur par une évidente tension anthropomorphique un langage incarné et universel qui fonde des discours réglementaires (les 10 Commandements) ou normatifs (les Béatitudes) parait bien… naturel (si je puis dire) au point d’en faire un outil de consolation, de pouvoir ou encore d’oppression (c’est selon…). Alors que l’une des premières phrases de Dieu sur notre Univers est peut-être « tout simplement » la loi de la gravitation.
Et par un raccourci, certes paresseux, je me demande : Et si la dernière tentation du Christ était finalement de se taire ?….

(*) Roman d’Hermann Hesse – 1915


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